Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/34

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troubler ma sécurité. L’habitude qu’on avait prise de me voir dans la ville, mes fréquentes rencontres avec des agents de police, qui n’avaient même pas fait attention à moi, tout semblait annoncer la continuation de ce bien-être, lorsqu’un jour que nous venions de nous mettre à table dans l’arrière-boutique, trois figures de gendarmes se montrent à travers une porte vitrée ; j’allais servir le potage ; la cuillère me tombe des mains. Mais, revenant bientôt de la stupéfaction où m’avait jeté cette incursion inattendue, je m’élance vers la porte, je mets le verrou, puis sautant par une croisée, je monte au grenier, d’où, gagnant par les toits la maison voisine, je descends précipitamment l’escalier qui doit me conduire dans la rue. Arrivé à la porte, elle est gardée par deux gendarmes… Heureusement ce sont des nouveaux venus qui ne connaissent aucune de mes physionomies. « Montez donc, leur dis-je, le brigadier tient l’homme, mais il se débat… Montez, vous donnerez un coup de main ;… moi, je vais chercher la garde. » Les deux gendarmes se hâtent de monter et je disparais.

Il était évident qu’on m’avait vendu à la police ; mon amie d’enfance était incapable