Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/347

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de cette aimable compagnie étaient des ouvriers (voleurs).

Ils voulurent savoir ce que je faisais ; je leur bâtis un conte à ma manière, et d’après ce que je leur dis, ils crurent non seulement que je venais de la province, mais encore que j’étais un voleur qui cherchait à s’accrocher à quelque chose. Je ne m’expliquai pas positivement à cet égard, mais affectant certaines manières qui trahissent la profession, je leur laissai entrevoir que j’étais assez embarrassé de ma personne.

Le vin ne fut pas épargné, il délia toutes les langues, si bien qu’avant la fin du repas, je sus la demeure de Gueuvive, celle de Joubert, son digne acolyte, ainsi que les noms de plusieurs de leurs camarades. Au moment de nous séparer, je fis entendre que je ne savais trop où aller coucher ; Joubert offrit de m’emmener chez lui, et il me conduisit rue Saint-Jacques, n° 99, où il occupait une chambre au second étage sur le derrière ; là, je partageai avec lui le lit de sa maîtresse, la fille Cornevin.

L’entretien fut long ; avant de nous endormir Joubert m’accabla de questions. Il tenait absolument à connaître quels étaient mes moyens d’existence, il s’enquérait si j’avais des papiers,