Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/370

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bonne foi. Avant de tomber dans mes filets, il fallait bien qu’ils pussent supposer que j’étais un des leurs ; une fois pris, ils me regardaient comme un faux frère ; je n’en étais pas moins, à leurs yeux, un grinche de la haute pègre (voleur du grand genre) ; seulement je volais avec impunité, parce que la police avait besoin de moi : c’était là le conte que l’on faisait dans les prisons. Les officiers de paix et les agents en sous-ordre n’étaient pas fâchés de le répandre comme une vérité, et puis peut-être, en devenant ainsi l’écho des misérables qui avaient tant à se plaindre de moi, ne présumaient-ils pas mentir autant qu’ils le faisaient ; car, en ne se donnant pas la peine de vérifier mes antécédents, jusqu’à un certain point ils étaient excusables de penser que j’avais été voleur, puisque de temps immémorial, tous les agents secrets avaient exercé cette double profession. Ils savaient qu’ainsi avaient commencé les Goupil, les Compère, les Florentin, les Lévesque, les Coco-Lacour, les Bourdarie, les Cadet Herriez, les Henri Lami, les César Viocque, les Bouthey, les Gaffré, les Manigant, enfin tous ceux qui m’avaient précédé ou qui m’étaient adjoints ; ils avaient vu la plupart de ces agents tomber en récidive,