Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/378

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je cherchai si dans le nombre des forçats de ma connaissance il n’en existait pas un qui eût été lié avec Noël aux besicles, et je n’en découvris aucun qui fût à peu près de mon âge, ou dont le signalement eût quelque analogie avec le mien. Enfin, à force de me mettre l’esprit à la torture et de solliciter ma mémoire, je me souvins d’un nommé Germain, dit Royer, dit Capitaine, qui avait été dans l’intimité de Noël, et quoiqu’il ne me ressemblât pas le moins du monde, il fut le personnage que je me proposai de représenter.

Germain, ainsi que moi, s’était plusieurs fois échappé des bagnes, c’était là tout ce qu’il y avait de commun entre nous ; il avait à peu près mon âge, mais il était plus petit que moi : il avait les cheveux bruns, les miens étaient blonds ; il était maigre, et je ne manquais pas d’embonpoint ; son teint était basané, j’avais la peau blanche et le teint fort clair ; ajoutez à cela que Germain était pourvu d’un nez excessivement long, qu’il prenait une grande quantité de tabac, et qu’il avait constamment audehors comme au-dedans des narines obstruées par une roupie considérable, ce qui lui donnait une voix nasillarde.