Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/384

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Le pansement terminé, elle m’apporta du linge blanc, et comme elle songeait à tout, elle me remit en même temps un rasoir en me recommandant de me faire la barbe. – Je verrai ensuite, ajouta-t-elle, à vous acheter des vêtements d’ouvrier au Temple, c’est le vestiaire général des gens dans la débine. Enfin, n’importe, le hasard vaut souvent du neuf.

Dès que je fus approprié, la mère Noël me conduisit dans le dortoir : c’était une pièce qui servait aussi d’atelier pour la fabrication des fausses clefs ; l’entrée en était masquée par des robes pendues à un portemanteau. – Voilà, me dit-elle, un lit dans lequel vos amis ont couché plus de quatre fois : il n’y a pas de danger que la police vous déterre ici ; vous pouvez dormir sur l’une et l’autre oreille.

— Ce n’est pas sans faute, répondis-je ; et je sollicitai d’elle la permission de prendre quelque repos : elle me laissa seul. Trois heures après, je fus censé m’être évei1lé ; je me levai et la conversation recommença. Il fallait être ferré pour tenir tête à la mère Noël : pas une habitude des bagnes qu’elle ne connût sur le bout du doigt : elle avait retenu non seulement les noms de tous les voleurs qu’elle avait vus ; mais encore