Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/44

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aux conscrits. Soudain la prison est envahie par les gendarmes ; on dresse un procès-verbal, on nous interroge, on veut tout savoir ; je déclare que j’ai donné trois louis ; le conscrit nie ; je persiste dans ma déclaration ; on le fouille, et l’argent se retrouve dans ses souliers ; on le met au cachot.

Quant à nous, on nous fit de terribles menaces, mais comme on ne pouvait pas nous punir, on se contenta de doubler nos gardes… Il n’y avait plus moyen de s’échapper, à moins d’une de ces occasions que j’épiais sans cesse ; elle se présenta plus tôt que je ne l’aurais espéré. Le lendemain était le jour de notre départ ; nous étions descendus dans la cour de la caserne ; il y régnait une grande confusion, causée par la présence simultanée d’un nouveau transport de condamnés et d’un détachement de conscrits des Ardennes, qui se rendaient au camp de Boulogne. Les adjudants disputaient le terrain aux gendarmes pour former les pelotons et faire l’appel. Pendant que chacun comptait ses hommes, je me glisse furtivement dans la civière d’une voiture de bagages qui se disposait à sortir de la cour… Je traversai ainsi la ville, immobile, et me faisant petit