Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/458

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imposé une tâche bien pénible pour un homme plus habitué à agir qu’à raconter, celle de refondre la plus grande partie de ces Mémoires. Ils étaient terminés, j’aurais pu les donner tels qu’ils étaient, mais, outre l’inconvénient d’une funeste circonspection, le lecteur aurait pu y reconnaître les traces d’une influence étrangère, qu’il m’avait fallu subir à mon insu. En défiance contre moi-même, et peu fait aux exigences du monde littéraire, je m’étais soumis à la révision et aux conseils d’un soi-disant homme de lettres. Malheureusement, dans ce censeur, dont j’étais loin de soupçonner le mandat clandestin, j’ai rencontré celui qui, moyennant une prime, s’était chargé de dénaturer mon manuscrit, et de ne me présenter que sous des couleurs odieuses, afin de déconsidérer ma voix et d’ôter toute importance à ce que je me proposais de dire. Un accident des plus graves, la fracture de mon bras droit dont j’ai failli subir l’amputation, était une circonstance favorable à l’accomplissement d’un pareil projet. Aussi s’est-on hâté de mettre à profit le temps pendant lequel j’étais en proie à d’horribles souffrances. Déjà le premier volume et partie du second étaient imprimés lorsque