Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/49

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son patois, et débitant à tout propos de grosses polissonneries, qui provoquaient le rire du sergent, charmé qu’elle eût autant d’esprit. – C’est la belle-sœur de notre hôte, me dit-il ; j’espère qu’elle en a, des bossoirs ; c’est gras comme une pelote, rond comme une bouée ; aussi est-ce un plaisir. En même temps Dufailli, arrondissant la forme de ses mains, lui faisait des agaceries de matelot, tantôt l’attirant sur ses genoux (car il était assis), tantôt appliquant sur sa joue luisante un de ces baisers retentissants, qui révèlent un amour sans discrétion.

J’avoue que je ne voyais pas sans peine ce manège, qui ralentissait le service, lorsque mademoiselle Jeannette (c’était le nom de la belle-sœur de M. Galand), s’étant brusquement échappée des bras de mon amphitryon, revint avec une moitié de dinde fortement assaisonnée de moutarde et deux bouteilles qu’elle plaça devant nous.

— À la bonne heure ! s’écria le sergent ; voilà de quoi chiquer les vivres et pomper les huiles, et je vais m’en acquitter du bon coin. Après ça, nous verrons, car, dans la cassine, tout est à notre discrétion ; je n’ai qu’à faire signe.