Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/51

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– » Eh bien ! n’a-t-il pas fait son chemin ? et, mille noms d’une pipe ! ne vaut-il pas mieux être le premier comptable d’une compagnie de canonniers, que de gratter le papier dans une étude ? Qu’en dis-tu, fourrier ? – Je suis de votre avis ; pourtant… – Pourtant, pourtant, tu me diras peut-être, toi, que tu étais plus heureux, quand, dès le patron minet, il te fallait empoigner l’arrosoir, et te morfondre à jeter du ratafia de grenouilles sur tes tulipes. Nous allions nous embarquer à Brest sur l’Invincible ; tu ne voulais partir que comme jardinier fleuriste du bord : allons, t’ai-je dit, va pour jardinier fleuriste ; le capitaine aime les fleurs, chacun son goût, mais aussi chacun son métier ; j’ai fait le mien. Il me semble que je te vois encore : étais-tu emprunté, lorsqu’au lieu de t’employer à cultiver des plantes marines, comme tu t’y attendais, on t’envoya faire la manœuvre de haubans sur du trente-six, et lorsqu’il te fallut mettre le feu à mortier sur la bombarde ! c’était là le bouquet ! Mais ne parlons plus de ça, et buvons un coup. Allons, pays, verse donc à boire aux camarades.

Je me mis en train d’emplir les verres. –