Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/52

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Tu vois, me dit le sergent, qu’ils ne m’en veulent plus : aussi à nous trois maintenant ne faisons-nous plus qu’une paire d’amis. Ce n’est pas l’embarras, je les fait joliment donner dans le panneau ; mais tout ça n’est rien ; nous autres, recruteurs de la marine, nous ne sommes que de la Saint-Jean auprès des recruteurs d’autrefois ; vous êtes encore des blancs-becs, et vous n’avez pas connu Belle-Rose ; c’est celui-là qui avait le truc. Tel que vous me voyez, je n’étais pas trop niolle, et cependant il m’emmaillota le mieux du monde. Je crois que je vous ai déjà conté ça, mais, à tout hasard, je vais le répéter pour le pays :

— Dans l’ancien régime, voyez-vous, nous avions des colonies, l’île de France, Bourbon, la Martinique, la Guadeloupe, le Sénégal, la Guyane, la Louisiane, Saint-Domingue, etc. À présent, ça fait brosse ; nous n’avons plus que l’île d’Oléron ; c’est un peu plus que rien, ou, comme dit cet autre, c’est un pied-à-terre, en attendant le reste. La descente aurait pu nous rendre tout ça. Mais bah ! la descente, il n’y faut plus songer, c’est une affaire faite : la flottille