Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/80

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que soldat, poursuivit-il. J’étais tranquillement assis devant ma guérite, me reposant sur un sopha, lorsque mon nègre, qui portait mon fusil… Il est bon que vous sachiez que dans les colonies, chaque soldat a son esclave mâle et femelle ; c’est comme qui dirait un domestique des deux sexes, à part que vous en faites tout ce que vous voulez, et que s’ils ne vont pas à votre fantaisie, vous avez sur eux droit de vie et de mort, c’est-à-dire que vous pouvez les tuer comme on tue une mouche. Pour la femme, ça vous regarde encore, vous vous en servez à votre idée… j’étais donc en faction, comme je vous disais tout à l’heure ; mon nègre portait mon fusil…

M. Belle-Rose à peine achevait de prononcer ces mots, qu’un soldat en grande tenue entra dans la salle où nous étions, et lui remit une lettre qu’il ouvrit avec précipitation : – C’est du ministre de la marine, dit-il ; M. de Sartine m’écrit que le service du roi m’appelle à Surinam. Eh bien ! va pour Surinam. Diable, ajouta-t-il, en s’adressant à Fanfan et à moi, je ne comptais pas vous quitter si tôt ; mais, comme