Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/84

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n’avez pas encore vu madame Belle-Rose, je veux vous faire faire connaissance avec elle ; c’est ça, une femme ! de l’esprit jusqu’au bout des ongles.

M. Belle-Rose nous conduisit chez lui ; son logement n’était pas des plus brillants : deux chambres sur le derrière d’une maison d’assez mince apparence, à quelque distance de l’arche Marion. Madame Belle-Rose était dans une alcôve au fond de la seconde pièce, la tête exhaussée par une pile d’oreillers. Près de son lit étaient deux béquilles, et non loin de là, une table de nuit, sur laquelle étaient un crachoir, une tabatière en coquillage, un gobelet d’argent et une bouteille d’eau-de-vie en vidange. Madame Belle-Rose pouvait avoir de quarante-cinq à cinquante ans ; elle était dans un négligé galant, une fontange et un peignoir garnis de malines. Son visage lui faisait honneur. Au moment où nous parûmes, elle fut saisie d’une quinte de toux. – Attendez qu’elle ait fini, nous dit M. Belle-Rose. Enfin, la toux se calma. Tu peux parler, ma mignonne ? – Oui, mon minet, répondit-elle. – Eh bien ! tu vas me faire l’amitié de dire à ces messieurs quelle fortune on fait dans les colonies. – Immense, monsieur