Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/97

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tu es ivre, s’adressant à Dufailli ; un coup de boisson c’est pardonnable, mais va té coucher, et qué jé té rencontré plus. – Oui, mon commandant, répondit Dufailli à l’exhortation, et nous redescendîmes la rue des Prêcheurs.

Je n’ai pas besoin de dire quelle était la profession de la belle blonde, je l’ai suffisamment indiquée. Magdelaine la Picarde était une grande fille, âgée de vingt-trois ans environ, remarquable par la fraîcheur de son teint autant que par la beauté de ses formes ; elle se faisait gloire de n’appartenir à personne, et par principe de conscience, elle croyait se devoir tout entière à l’armée et à l’armée tout entière : fifre ou maréchal d’empire, tout ce qui portait l’uniforme était également bien accueilli chez elle ; mais elle professait un grand mépris pour ce qu’elle appelait les péquins. Il n’y avait pas un bourgeois qui pût se vanter d’avoir eu part à ses faveurs ; elle ne faisait même pas grand cas des marins, qu’elle qualifiait de culs goudronnés, et qu’elle rançonnait à plaisir, parce qu’elle ne pouvait pas se décider à les regarder comme des soldats: aussi disait-elle plaisamment qu’elle avait la marine pour entreteneur, et la ligne pour amant. Cette fille, que j’eus l’occasion de visiter plus tard, fit