Page:Vidocq - Mémoires - Tome 3.djvu/107

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tions sont nécessaires : quelques-uns étaient d’une bonhomie telle, que je regardais presque comme miraculeuse l’impunité dont ils avaient joui jusqu’au moment où ils m’avaient rencontré pour leurs péchés. Il est incroyable que des individus, créés exprès pour donner dans tous les panneaux, aient attendu ma venue à la police pour se faire prendre. Avant moi, la police était donc faite en dépit du bon sens, ou bien encore, j’étais favorisé par de singuliers hasards ; dans tous les cas, il est, comme on dit, des hasards qui valent du neuf : on en jugera par le récit suivant.

Un jour vers la brune, vêtu en ouvrier des ports, j’étais assis sur le parapet du quai de Gèvres, lorsque je vis venir à moi un individu que je reconnus pour être un des habitués de la Petite Chaise et du Bon Puits, deux cabarets fort renommés parmi les voleurs.

— « Bon soir, Jean Louis, me dit cet individu en m’accostant.

— » Bon soir, mon garçon.

— » Que diable fais-tu là ? t’as l’air triste à coquer le taffe (à faire peur).

— » Que veux-tu, mon homme ? quand on