Page:Vidocq - Mémoires - Tome 3.djvu/12

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comme de l’appréhension de tout péril qu’il est indispensable d’affronter, elle s’affaiblit graduellement. Plus tard, le besoin d’échapper à l’arbitraire dont la police était armé, contribua à propager parmi les voleurs l’habitude de la délation.

Lorsque, sans autre forme de procès, et seulement parce que c’était le bon plaisir de la police, on claquemurait jusqu’à nouvel ordre les individus réputés voleurs incorrigibles (dénomination absurde dans un pays où l’on n’a jamais rien fait pour leur amendement), plusieurs de ces malheureux, fatigués d’une détention dont ils n’entrevoyaient pas le terme, s’avisèrent d’un singulier expédient pour obtenir leur liberté. Les voleurs réputés incorrigibles étaient aussi, dans leur genre, une espèce de suspects : réduits à envier le sort des condamnés, puisque du moins ces derniers étaient élargis à l’expiration de leur peine, afin d’être jugés ils imaginèrent de se faire dénoncer pour de petits vols, que souvent ils n’avaient pas commis ; quelquefois même le délit pour lequel ils désiraient être traduits, leur avait été cédé, moyennant une légère rétribution, par le dénonciateur, leur compère ; bien heureux alors ceux