Page:Vidocq - Mémoires - Tome 3.djvu/132

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je vais y aller, moi, si vous voulez m’indiquer sa demeure.

» Richelot. T’as raison, Jean-Louis, mais la fourgatte ne t’a pas encore vu, elle ne veut fourguer (receler) qu’à nous. Puisque tu te proposes, nous irons ensemble ?

» Moi. Oui, à nous deux, ça fera qu’une autre fois elle connaîtra ma frimousse. »

Nous partons. La fourgatte restait rue de Bretagne, n°14, dans la maison d’un charcutier, qui vraisemblablement était le propriétaire. Richelot entre dans la boutique, et s’informe si madame Bras est chez elle ; oui, lui répond-on et après avoir enfilé l’allée, nous grimpons l’escalier jusqu’au troisième. Madame Bras n’est pas sortie, mais elle tient à l’honneur, et ne veut absolument rien recevoir dans le jour. « Au moins, lui dit Richelot, si vous ne pouvez pas prendre à présent la marchandise, donnez nous un à-compte : allez, c’est du bon butin, et puis vous savez que nous sommes honnêtes.

— » C’est vrai, mais pour vos beaux yeux je ne puis pas me compromettre ; revenez ce soir, la nuit tous chats sont gris. » Richelot la prit par tous les bouts pour lui arracher quelques pièces, mais elle fut inexorable, et nous