Page:Vidocq - Mémoires - Tome 3.djvu/334

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

coquetterie provinciale. Jeté au milieu de cet essaim de beautés, je me crus transporté au sérail, et convoitant tantôt la brune, tantôt la blonde, je me proposais de faire circuler le mouchoir, lorsque, dans la matinée du quatrième jour, madame Duflos qui avait sans doute surpris quelque œillade, m’invita à passer dans son cabinet : « M. Eugène, me dit-elle, je suis fort mécontente de vous ; vous n’êtes ici que depuis très peu de temps, et déjà vous vous permettez de former des desseins criminels au sujet des jeunes personnes que j’occupe. Je vous avertis que cela ne me convient pas du tout, du tout, du tout. »

Confondu de ce reproche mérité, et ne pouvant imaginer comment elle avait deviné mes intentions, je ne lui répondis que par quelques paroles insignifiantes. « Vous seriez bien embarrassé de vous justifier, reprit-elle ; je sais bien qu’à votre âge vous ne pouvez guères vous passer d’avoir une inclination ; mais ces demoiselles ne sont votre fait sous aucun rapport : d’abord elles sont trop jeunes, ensuite elles sont sans fortune ; à un jeune homme il faut quelqu’un qui puisse subvenir à ses besoins, quelqu’un de raisonnable. » Pendant