Page:Vidocq - Mémoires - Tome 3.djvu/8

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habitudes ne différaient pas essentiellement de celles des filous, pouvait, sans se compromettre, les admettre dans son sein. J’ai lu, dans des mémoires du règne de Louis XV, qu’on les priait pour une soirée, comme de nos jours on prie, l’argent à la main, le célèbre prestidigitateur, M. Comte, ou quelque cantatrice en renom.

Plus d’une fois, à la sollicitation d’une duchesse, un voleur réputé pour ses bons tours, fut tiré des cabanons de Bicêtre, et si, mis à l’épreuve, ses talents répondaient à la haute opinion que la dame s’en était formée, il était rare que, pour se maintenir en crédit, peut-être aussi par galanterie, M. le lieutenant-général n’accordât pas la liberté d’un sujet si précieux. À une époque où il y avait des grâces et des lettres de cachet dans toutes les poches, la gravité d’un magistrat, quelque sévère qu’il fût, ne tenait pas contre une espièglerie de coquin, pour peu qu’elle fût comique ou bien combinée : dès qu’on avait étonné ou fait rire, on était pardonné. Nos ancêtres étaient indulgents et beaucoup plus faciles à égayer que nous ; ils étaient aussi beaucoup plus simples et beaucoup plus candides : voilà sans doute pourquoi ils faisaient tant de cas de ce qui n’était ni la simplicité,