Page:Vidocq - Mémoires - Tome 3.djvu/83

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rinettes, un crincrin, le trombone retentissant, et l’assourdissante grosse caisse, cinq instruments dont les mouvements cadencés de la béquille de monsieur Double-Croche, petit boiteux qui prend le titre de chef d’orchestre, régularise les terribles accords. Ici, tout est en harmonie, les visages, les costumes, les mets que l’on prépare : une mise décente est de rigueur ; il n’y a pas de bureau où l’on dépose les cannes, les parapluies et les manteaux : l’on peut entrer avec son crochet, mais l’on est prié de laisser son équipage à la porte (le mannequin) ; les femmes sont coiffées en chien, c’est-à-dire les cheveux à volonté, et le mouchoir perché au sommet de la tête, où par un nœud formé en avant, ses coins dessinent une rosette, ou si vous l’aimez mieux une cocarde qui menace l’œil à la manière de celle des mulets provençaux. Pour les hommes, c’est la veste avec accompagnement de casquette et col rabattant, s’ils ont une chemise, qui est la tenue obligée : la culotte n’est pas nécessaire ; le suprême bon ton serait le bonnet de police d’un canonnier, le dolman d’un hussard, le pantalon d’un lancier, les bottes d’un chasseur, enfin la défroque surannée de trois ou quatre régiments ou la garde-robe d’un champ de bataille, pas de