Page:Vidocq - Mémoires - Tome 3.djvu/86

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sertation, mais je suis en train de peindre le paradis des faiseurs d’orgies, les couleurs sont broyées, achevons le tableau.

Si l’on boit chez Guillotin, on y mange également, et les mystères de la cuisine de ce lieu de délices valent bien la peine d’être dévoilés. Le petit père Guillotin n’a pas de boucher, mais il a son équarrisseur ; et dans ses casseroles de cuivre, dont le vert-de-gris n’empoisonne pas, le cheval fourbu se transforme en bœuf à la mode, les cuisses du caniche mis à mort dans la rue Guénegaud deviennent des gigots des prés salés, et la magie d’une sauce raffermissante donne au veau mort-né de la laitière l’appétissant coup d’œil du Pontoise. La chère assure-t-on, y est exquise en hiver, quand il tombe du verglas ; et sous M. Delaveau, si parfois dans l’été le pain était hors de prix, durant le massacre des innocents, on était certain d’y trouver du mouton à bon compte.

Dans ce pays des métamorphoses, le lièvre n’eut jamais le droit de bourgeoisie, il a cédé sa place au lapin, et le lapin… que les rats sont heureux ! oh fortunati nimium si… norint c’est le magister de Saint-Mandé qui me prête la citation ; on me dit que c’est du latin, peut-être