Page:Vidocq - Mémoires - Tome 4.djvu/346

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y perdit ses deux montres, une chaîne en or, cent doubles Napoléons et de plus une somme de six cents francs pour laquelle il souscrivit une lettre de change ; il n’avait pas joué, mais en l´intimidant on lui avait fait accroire qu’il avait parié ; son cicerone, qui avait deviné en lui l´ancien médecin et l’amateur d’histoire naturelle, lui avait proposé de le faire assister à des expériences entreprises dans le but de connaître quels sont la nature et les effets du venin du serpent à sonnettes. « Eh bien ! ce serpent, quand le verrons nous répétait sans cesse M. Salvage. Nous ne tarderons pas, répondait le cjcerone, je ne suis pas moins impatient que vous de voir les sonnettes… ; et par les sonnettes, il entendait l´argent du vieillard. »

Les filous qui le rançonnaient ainsi, ont reçu le nom d’emporteurs au billard : à mon avénement à la police, le personnel de cette classe de fripons se composait de vingt-cinq à trente individus ; aujourd’hui il s’est réduit des quatre cinquièmes, et cette réduction, j’ose le dire, a été opérée par moi. Ceux qui exercent encore ne sont pas riches, les autres se sont dispersés à la suite de détentions plus ou moins longues ; avant moi, les emporteurs au billard n’étaient punis