Page:Vielé-Griffin - L’Amour sacré, 1903.djvu/34

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L’aïeule l’a laissée avec un long baiser
La lampe éteinte et seule dans le noir ;
Elle dort !
La lueur de ses longues tresses dénouées
Lui fait une auréole d’or,
Elle sourit en rêve, étreignant un jouet,
Sourit et dort.
Ah ! que lui veux-tu, grande Mort ?

Car voici qu’elle pleure, hélas !
Sa lèvre sanglote une plainte lasse :
Elle rêve aux enfants que l’on veut tuer
— Le père l’a bien dit tout à l’heure —
Elle étreint son jouet…

Des flammes scintillaient au fond du soir
— Elle les a vues
Tipugir, là-bas, la ville noire…
Sa chair frémit toute de fièvre,
Le feu l’effleure de ses lèvres !
Elle a tordu de désespoir ses mains menues
Elle a crié, prié,
Jusqu’à sentir — ô délice inconnu —
Sourdre en son cœur comme un dictame