Page:Vielé-Griffin - L’Amour sacré, 1903.djvu/38

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Mais sa chevelure vive l’a vêtue d’or
Et parée, chaste et pâle, pour la mort ;

Sitôt !
On vit la flamme, ainsi qu’une corolle
Surnaturelle,
S’épanouir à l’entour d’elle,
Se glisser en ses longs cheveux dorés
— Telle une vigne agile et folle
Aux larges feuilles empourprées !
Et monter comme un berceau sur sa tête
Et s’élever, avec son Ame au faîte
— Colombe vite essorée !…
Puis tout ne fut que cendres, deuil et défaite.

Foulez aux pieds les vains crocus dorés.

Et l’hiver accourut semant sa neige à même
Sur cette ville souillée de sang,
Envelopper cette poussière de poème
D’un pur linceul éblouissant.

Semez des violettes blanches au vent,
Des crocus blêmes.

Or ceux qui virent cela sont morts depuis des siècles