Page:Vielé-Griffin - L’Amour sacré, 1903.djvu/54

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J’avais posé ma tête sur son sein ;
Mais Elle, abaissant ses doux yeux,
Me dit tout bas ces mots mystérieux :
« Maître,
L’heure s’en vient,
Le fol amour t’a mis au droit chemin,
Ton âme aussi va naître,
Elle vivra,
Je te devance, tu me suivras. »

Et puis Elle s’est dressée
Grave en ses tresses brunes
Entre les torches vives et le clair de lune
De telle sorte
Qu’au reflet bruyant de leur flamme
Cette joue-ci riait toute rosée
(J’y ai posé de désir un baiser),
Mais l’autre que la lune éclaire
De son mystère
Est pâle et calme
Comme la joue des mortes…

Stupide je la contemplais frêle et forte
Qui parlait haut aux débardeurs,