Page:Vielé-Griffin - L’Amour sacré, 1903.djvu/80

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C’est de moi que demain doit éclore,
Et de moi que naîtra la beauté ! »

Je n’avais faim, ni soif, alors,
Que d’un baiser de bouche sur la mienne
Et je marchais dans la poussière d’or
Qui striait de rayons l’ombre des sycomores
Penchés sur le chemin qui me mène.

Je fus ivre d’aimer dès le seuil
Quand je touchai du front le linteau :
J’étais grand et c’était mon orgueil
(On est fier de ces choses ! )
Et les filles m’ont dit si beau
Que j’en riais d’aise aux miroirs ;
Et la vieille maison morose
Me fut triste et j’en partis un soir.


Amour,
Avec tes yeux bandés tu marches dans la nuit noire
Je t’ai suivi de loin, tel que toi, sans te voir,
Sans t’entendre même, sinon en mon âme ;
Mais je savais la route où tu avais passé