Page:Vielé-Griffin - L’Amour sacré, 1903.djvu/82

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Ah ! c’est un fou — ou j’en suis un —
Et c’est peut-être un sage — ou c’est tout un ! —
Une larme a coulé sur sa joue
Et, tombant dans la source, effaça son image ;
Je me suis relevé ; j’avais froid :
Déjà il faisait nuit au fond de moi
Mes yeux s’étaient éteints à regarder les siens
… Quel jour ? et quelle année ? c’est hier, je crois.



Qui est-ce ? je ne sais que sa grave beauté,
Que ses yeux qui sourient d’un songe très ancien,
Tine et pâle, et sa bouche et ses yeux de bonté
Et son sourire hautain.
Mais je le sens à mon côté ;
Car je l’entends : son souffle haletant
Si la route monte,
Et ses pas alourdis qui couvrent les miens
Et les comptent,
A moins que l’herbe n’ait feutré la route
Ou que les pins ne chantent haut dans le vent,
Alors je me crois seul, et m’arrête et je doute ;