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JOURNAL D’UN POÈTE

des romains. — C’était un sage peuple que celui-là, peuple industrieux, sain et fort, s’il en fut. Sans philosophie, sans idéalisme, ne se perdant guère en abstractions, mais ne considérant que le pouvoir sur la terre, la grandeur sur la terre, et l’immortalité sur la terre, celle du nom. — Sur ce point, le crâne de Bonaparte fut trempé comme un crâne romain, car il ne s’occupait guère d’autre chose.

Tout Romain se considérait comme acteur ; il prenait tel rôle et le poussait jusqu’où il pouvait aller. « Je joue le rôle de républicain, » dit Caton ; le rôle fini, la République finissant, il se tue. « Je joue celui d’empereur, dit Auguste, applaudissez et baissez le rideau, je meurs. » La vie toujours publique des Romains est là tout entière.


pudeur. — Un jour, elle changeait de chemise ; — elle vit son chien la regarder et lui lécher les pieds : — la chemise qu’elle quittait était tombée trop vite ; l’autre n’était pas mise encore. — Toute nue, elle laissa tomber celle qu’elle tenait, et, effrayée, se jeta sur le lit évanouie.


Le seul beau moment d’un ouvrage est celui où on l’écrit.