Page:Villiers de L'Isle-Adam - Contes cruels.djvu/112

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— Bonsoir !

C’étaient trois jeunes femmes d’un esprit et d’une beauté exceptionnels. Nous les avions parfois rencontrées dans le monde artistique de Paris. Elles s’appelaient : Clio la Cendrée, Antonie Chantilly et Annah Jackson.

— Et vous venez faire ici l’école buissonnière, mesdames ? demanda C*** en les priant de s’asseoir.

— Oh ! nous allions souper seules, parce que les gens de cette soirée, aussi horribles qu’ennuyeux, ont attristé notre imagination, dit Clio la Cendrée.

— Oui, nous allions nous en aller quand nous vous avons aperçus ! dit Antonie Chantilly.

— Ainsi donc, venez avec nous, si vous n’avez rien de mieux à faire, conclut Annah Jackson.

— Joie et lumière ! vivat ! répondit tranquillement C***. — Élevez-vous une objection grave contre la Maison dorée ?

— Bien loin cette pensée ! dit l’éblouissante Annah Jackson en dépliant son éventail.

— Alors, mon cher, continua C*** en se tournant vers moi, prends ton carnet, retiens le salon rouge et envoie porter le billet par le chasseur de Miss Jackson : — C’est, je crois, la marche à suivre, à moins d’un parti pris chez toi ?

— Monsieur, me dit miss Jackson, si vous vous sacrifiez jusqu’à bouger pour nous, vous trouverez ce personnage vêtu en oiseau phénix — ou mouche — et se prélassant au foyer. Il répond au pseudonyme transparent de Baptiste ou de Lapierre. — Ayez cette complaisance ?