Page:Villiers de L'Isle-Adam - Contes cruels.djvu/274

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chicane — et sous l’abattement de mon maladif ennui, — je revins à Paris, juste le soir du septième jour de mon départ du presbytère.

J’arrivai directement chez moi, sur les neuf heures. Je montai. Je trouvai mon père dans le salon. Il était assis, auprès d’un guéridon, éclairé par une lampe. Il tenait une lettre ouverte à la main.

Après quelques paroles :

— Tu ne sais pas, j’en suis sûr, quelle nouvelle m’apprend cette lettre ! me dit-il : notre bon vieil abbé Maucombe est mort depuis ton départ.

Je ressentis, à ces mots, une commotion.

— Hein ? répondis-je.

— Oui, mort, — avant-hier, vers minuit, — trois jours après ton départ de son presbytère, — d’un froid gagné sur le grand chemin. Cette lettre est de la vieille Nanon. La pauvre femme paraît avoir la tête si perdue, même, qu’elle répète deux fois une phrase… singulière… à propos d’un manteau… Lis donc toi-même !

Il me tendit la lettre où la mort du saint prêtre nous était annoncée, en effet, — et où je lus ces simples lignes :

« Il était très heureux, — disait-il à ses dernières paroles, — d’être enveloppé à son dernier soupir et enseveli dans le manteau qu’il avait rapporté de son pèlerinage en terre sainte, et qui avait touché le Tombeau. »