Page:Villiers de L'Isle-Adam - Contes cruels.djvu/335

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siers gomorrhéens aux harnais de pierres précieuses, qui se cabrent, puissamment, dans les étincelles !…

Au-dessus d’eux, à hauteur des feuillages extérieurs, la mystérieuse Salle des Enchantements, œuvre des Chaldéens, la Salle où mille statues de jaspe font brûler une forêt de torches d’aloès, la haute Salle des festins, aux colonnades mystiques, exposée à tous les vents de l’espace, prolonge, au milieu du ciel, le vertige de ses profondeurs triangulaires : les deux côtés de l’angle initial s’ouvrent, en face du Moria, sur la ville ensevelie dans l’ombre du Temple, tiare lumineuse de Sion.



Au fond de la Salle, sur une chaise de cyprès que soutiennent les pointes des ailes révulsées de quatre chroubim d’or, le roi Salomon, perdu en des songes sublimes, semble prêter l’oreille aux cantiques lointains des lévites. Les Nébïïm, sur le mont du Scandale, exaltent les versets du Sépher, qui retracent la création du monde.

Sur la mitre du Roi, séparant les bandelettes de justice, resplendit l’Étoile-à-six-rayons, signe de puissance et de lumière. L’Ecclésiaste, sur sa tunique de byssus, porte le rational, parce qu’il peut offrir les holocaustes expiatoires, l’éphod, parce qu’il est le Pontife, et sur ses pieds pacifiques se croise le lacis de bronze des sandales de bataille, parce qu’il est le Guerrier.