Page:Villiers de L'Isle-Adam - Contes cruels.djvu/79

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deux termes (en apparence incompatibles) de ce problème (de prime abord insoluble) : Une pure machine proposée comme moyen d’atteindre, infailliblement, un but purement intellectuel ?

Oui !…

L’Humanité (il faut l’avouer), antérieurement à l’absolue découverte du baron, avait, même, déjà trouvé quelque chose d’approchant : mais c’était un moyen terme à l’état rudimentaire et dérisoire : c’était l’enfance de l’art ! le balbutiement ! — Ce moyen terme était ce qu’on appelle encore de nos jours, en termes de théâtre, la « Claque ».

En effet, la Claque est une machine faite avec de l’humanité, et, par conséquent, perfectible. Toute gloire a sa claque, c’est-à-dire son ombre, son côté de supercherie, de mécanisme et de néant (car le Néant est l’origine de toutes choses), que l’on pourrait nommer, en général, l’entregent, l’intrigue, le savoir-faire, la Réclame.

La Claque théâtrale n’en est qu’une subdivision. Et lorsque l’illustre chef de service du théâtre de la Porte-Saint-Martin, le jour d’une première représentation, a dit à son directeur inquiet : « Tant qu’il restera dans la salle un de ces gredins de payants, je ne réponds de rien ! » il a prouvé qu’il comprenait la confection de la Gloire ! — Il a prononcé des paroles véritablement immortelles ! Et sa phrase frappe comme un trait de lumière.

Ô miracle !… C’est sur la Claque, — c’est sur elle, disons-nous, et pas sur autre chose, — que Bottom a