Page:Villiers de L'Isle-Adam - Contes cruels.djvu/80

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puissamment abaissé son coup d’œil d’aigle ! Car le véritable grand homme n’exclut rien : il se sert de tout en dépassant le reste.

Oui ! le baron l’a régénérée, sinon innovée, et il la fera, enfin, sanctionner, pour nous couvrir de l’expression même des journaux.

Qui donc, surtout parmi le gros du public, a pénétré les mystères, les ressources infinies, les abîmes d’ingéniosité de ce Protée, de cette hydre, de ce Briarée qu’on appelle la Claque ?

Il est des personnes qui, avec le sourire de la suffisance, pourront trouver à propos de nous objecter que : 1o La Claque dégoûte les auteurs ; 2o qu’elle ennuie le Public ; 3o qu’elle tombe en désuétude. — Nous allons, simplement, leur prouver, à l’instant même, que, si elles nous disent des choses pareilles, elles auront perdu une occasion de se taire qu’elles ne retrouveront peut-être jamais.

1o Un auteur dégoûté de la Claque ?… D’abord, où est-il cet homme-là ? Comme si chaque auteur, le jour d’une première, ne renforçait pas encore la Claque avec ses amis, autant qu’il le peut, en leur recommandant de « soigner le succès ». Ce à quoi les amis, tout fiers de cette complicité (mon Dieu ! bien innocente), répondent, invariablement, en clignant de l’œil et en montrant leurs bonnes grosses mains franches : « Comptez sur nos battoirs. »

2o Le Public ennuyé de la Claque ?… — Oui : et de bien d’autres choses qu’il supporte, cependant ! N’est-il pas destiné au perpétuel ennui de tout et de lui-