Page:Villiers de L'Isle-Adam - Contes cruels.djvu/85

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œuvre, dramatique ou non, devient, en y entrant, un chef-d’œuvre. L’économie d’une salle telle qu’on la conçoit, d’après celle des théâtres actuels, est sensiblement modifiée. Le grand ingénieur traite à forfait, se charge de toutes les avances de transformation et défalque, sur les droits des auteurs, à 10% de rabais sur la Claque ordinaire. (Il y a brevets pris et sociétés en commandite établies à New-York, à Barcelone et à Vienne.)

Le coût de la Machine, pour son adaptation à une salle moyenne, n’est pas très dispendieux ; il n’y a que les premiers frais d’assez importants, l’entretien d’un appareil bien conditionné n’étant pas onéreux. Les détails mécaniques, les moyens employés sont simples comme tout ce qui est vraiment beau. C’est la naïveté du génie. On croit rêver. On n’ose pas comprendre ! On en mord le bout de son index en baissant les yeux avec coquetterie. — Ainsi, les petits amours dorés et roses des balcons, les cariatides des avant-scènes, etc., sont multipliés et sculptés presque partout. C’est à leurs bouches, précisément, orifices de phonographes, que sont placés les petits trous à soufflets qui, mus par l’électricité, profèrent soit les Oua-ouaou, soit les Cris, les « À la porte, la cabale ! », les Rires, les Sanglots, les Bis, les Discussions, Principes, Bruits de tabatières, etc., et tous les Bruits publics perfectionnés. Les Principes, surtout, dit Bottom, sont garantis.

Ici la Machine se complique insensiblement, et la conception devient de plus en plus profonde ; les