Page:Villiers de L'Isle-Adam - Contes cruels.djvu/92

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tueuses, nauséabondes, calomnieuses et baveuses platitudes, gloussées au sortir de l’égoût natal, ces Articles ne laisseraient vraiment plus rien à désirer au Public. Ils sont tout prêts ! Ils donnent l’illusion complète.

On croirait, d’une part, lire des articles humains sur les grands hommes vivants, — et, d’autre part, quel fini, dans le vermineux ! Quelle quintessence d’abjection !

Leur apparition sera, certainement, l’un des grands succès de ce siècle. Le Baron en a soumis quelques spécimens à plusieurs de nos plus spirituels critiques : ils en soupiraient et en laissaient tomber la plume d’admiration ! Cela exsude, à chaque virgule, cette impression de quiétude qui émane, par exemple, de ce mot délicieux, que, — tout en s’éventant négligemment de son mouchoir de dentelles, — le marquis de D***, directeur de la Gazette du Roi, disait à Louis XIV : « Sire, si l’on envoyait un bouillon au grand Corneille qui se meurt ?… »

La chambre générale du Grand-Clavier de la Machine est installée sous l’excavation appelée, au théâtre, le Trou du souffleur. Là se tient le Préposé ; lequel doit être un homme sûr, d’une honorabilité éprouvée et ayant l’extérieur digne d’un gardien de passage, par exemple. Il a sous la main les interrupteurs et les commutateurs électriques, les régulateurs, les éprouvettes, les clefs des tuyaux des gaz proto et bioxyde d’azote, effluves ammoniacaux et autres, les boutons de ressort des leviers, des bielles