Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/101

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sur ses bras croisés aux pieds de la Madone, murmurait, d’une voix désolée :

— Madame, vous le voyez, je pleure, et vous supplie de ne point me bannir de toute compassion, car c’est défaillante et dans l’angoisse — et votre sainte image au fond de toutes les pensées — que je vais m’exiler d’ici. Ô chaste reine, prendrez-vous en pitié celle qui déserte, pour un amour mortel, le seuil du salut ! Cette voix, vous l’entendez, elle m’implore, en sa fervente fidélité ! Si je ne viens pas, il va mourir ! Ses transports, si longtemps subis sans espérance et sans plainte, comment les condamner ! Et persister à ne pas consoler celui qui aime tant ! Vous qui savez si je vous aime, ô Madame ! et que, tous les soirs, ma joie était de venir vous prier ici, pardonnez-moi ! Voici mon voile, voici la clef de ma cellule ; je les remets à vos pieds. Mais, je ne peux plus… j’étouffe… cette voix… elle m’attire… adieu… adieu !