Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fit venir, pour les confondre définitivement sur ce point mystérieux, un rabbin très âgé, depuis longtemps captif, dont tous vénéraient la science profonde et l’intégrité.

— Ah ! répondit tristement le vieil exilé, — depuis la ruine de la maison de leurs pères, les enfants d’Israël ont-ils donc oublié les rites du service de la Maison du Seigneur !… Quoi ! l’on n’eût pas trouvé, — dites-vous, — de coq vivant dans Jérusalem ? Vous vous trompez. Il y en avait un ! Et c’est bien de celui-là que ce Jésus, de Nazareth doit avoir voulu parler, — puisque ce texte précise « le » coq, et non pas « un » coq. Vous oubliez le grand Coq solitaire du Temple, le veilleur sacré, nourri des grains que lui jetaient les vierges, et dont la voix s’entendait au delà du Jourdain. Son cri matinal, mêlé au grondant fracas des portes de l’édifice rouvertes à chaque aurore, retentissait jusque dans Jéricho !… Plus sonore que les sabliers, il annonçait les heures