Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/153

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s’était détachée d’elle-même, pendante encore à une vis. On distinguait une faible lueur, au joint des ais, — et, durant les accalmies de la discussion, de rauques soupirs, anhélants et pressés, — geints de l’au delà de cette porte, — parvenaient aux jeunes causeurs.

— Ah çà ! dit, à la longue, le peintre Bréart, en baissant la voix, — qu’est-ce qu’il y a là, de l’autre côté ?

— Si nous allions voir ? murmura Nédonchel.

Tous deux s’étaient levés ; mais Alexis, plus prompt, alla se poster contre le battant, s’y adossa, les bras croisés, et, d’un air de lyrisme calme, qui en imposa soudain à ses deux amis :

Ah ! je le pressens et le devine, moi, ce qu’il y a derrière cette porte ! s’écria-t-il. — Certes, ce doit être tel vieux roi de quelque État perdu de l’Orient, un dépossédé que les hasards de l’exil et la risée des gens du siècle