Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/198

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lière, étant surtout donnée la rareté de ces sortes de caractères, la nature intellectuelle de M. Bénédict d’Allepraine se trouvait être pareille à celle de Frédérique. Oui, le tour essentiellement pensif de son esprit l’avait malheureusement conduit à certain dédain des choses terre à terre et à l’amour assez exclusif des choses d’en haut ; ceci au point que sa fortune, bien que des plus modestes, lui suffisait et qu’il ne s’ingéniait en rien pour l’augmenter, ce qui confinait à l’imprévoyance.

Ce n’était pas qu’il fût né poète ; il l’était plutôt devenu, par un ensemble de raisonnements logiques et, disons-le tout bas, des plus solides, à la vue de toutes les feuilles sèches dont se payent, jusqu’à la mort, la plupart des individus soi-disant positifs. S’il acceptait de « croire » un peu par force, aux réalités relatives dont nous relevons tous, bon ou mal gré nous, c’était avec un enjouement qui laissait deviner la mince estime