Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Quoi ! sa seule amie, son autre elle-même, lui avait, sciemment, ravi — non pas un de ces messieurs, — mais, qui ? celui qui était sacré !… L’outrage de cette inattendue perfidie lui semblait trop absurde, trop immérité, trop méprisable pour valoir une colère. Et puis, elle ne pouvait s’expliquer que Georgette, même emportée par l’essor d’un hystérique affolement, se fût décidée à faire coup double tant sur leur amitié que sur le commun trésor de si rafraîchissants souvenirs que toutes deux perdaient par suite d’une brouille désormais irréparable. Félicienne en ressentit un vide atroce, où se noya jusqu’à l’infidélité d’Enguerrand. Renonçant à comprendre leurs amours, elle les consigna tous les deux à sa porte, sans explication, n’aimant pas le bruit. Et la vie continua pour elle, moins ce couple d’ombres.

Par exemple, la première fois qu’elles se revirent au Bois, oh ! ce fut d’une froideur !… Félicienne fut polaire.