Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/269

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du monde, avait été chassé, tout enfant, du sol natal, et que cet enfant d’exil, jeune homme, était toujours proscrit, et que sa royale fortune était tout entière, dans son cœur, dans sa foi, dans son âme, — et que des souvenirs terribles menaçaient encore celle qui recevrait de lui l’anneau nuptial — alors la jeune fille sourit et dit : « Je serai digne d’être sa compagne. » Ainsi se célébrèrent leurs noces lointaines.

» Et depuis lors, ils vécurent ainsi, toujours les regards pleins de la nostalgie du pays perdu et fixés sur cette terre qu’ils croyaient avoir le droit d’habiter et qu’ils ne pouvaient jamais pressentir jusqu’au delà de l’horizon. Et cet homme qui avait le droit de considérer ce pays comme le sien, cette terre aimée comme la sienne, était condamné à ne les connaître que… d’après des récits ! était frustré de cette patrie, devenue pour lui comme légendaire et que tous deux n’entrevoyaient que dans leurs rêves.