Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/31

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— Mais, — cria, naïvement, Georgette, les yeux en larmes, — mais… il m’a payée, moi !…

À cette parole, Félicienne tressaillit et se retourna : sur son joli visage, un rayonnement de joie subite fit comme scintiller la veloutine.

— Hein ? s’écria-t-elle : — comment, Georgette ?… — Et tu ne me l’as pas écrit tout de suite ?

— Dame ! pouvais-je croire que tu n’avais pas deviné ? que tu soupçonnais ? Savais-je, même, pourquoi tu me battais froid ? Demande-moi vite pardon d’avoir pensé que je pouvais te trahir, vilaine… bête ! Et embrasse ta Georgette !

Elle était dans les bras de son amie, qui, maintenant, la contemplait avec tendresse. Toutes deux échangèrent, enfin, de nouveau, ce regard de jadis où l’estime laïque d’elles-mêmes s’évoquait au fort des mille souvenirs de l’Institution Desagrémeint.

Fière, Félicienne retrouvait son amie toujours digne d’elle.