Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/68

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laissait entrevoir, en une salle voisine, les blancheurs damassées d’une table en lumières, chargée encore de porcelaines à café, de fruits et de cristaux, — bien que l’on jouât, depuis minuit, dans le salon.

Sous les deux touffes de feuilles d’argent, fleuries de lueurs, d’une couple de girandoles appliquées dans les tentures, deux « messieurs » du glacis le plus élégant, aux teints anglais, aux sourires distingués, aux airs bien pensants, aux longs favoris fluides, proféraient le lys de leurs gilets vis-à-vis d’un écarté, que tenait, contre l’un d’eux, une sorte de jeune abbé brun, d’une pâleur naturelle très saisissante (on eût dit celle d’un mort) et d’une présence au moins équivoque, en ce séjour.

Non loin, Maryelle, en un déshabillé de mousseline dont s’avivaient ses yeux noirs, et des violettes au joint de son corsage où bougeait de la neige, versait, de temps à autre, du rœderer glacé en de longs verres