Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sevrés de toute vocation, dont la pénible engeance tend, par bonheur, à disparaître. Rien, en lui, de ces petits abbés d’autrefois, que le bouffi de leurs joues rieuses a rendus, dans l’Histoire, presque véniels. Celui-ci, grand, taillé à la serpe, la face d’un ovale aux maxillaires saillants, était, vraiment, d’une espèce plus sombre. C’était au point qu’à de certains instants l’ombre d’un crime ignoré semblait foncer encore sa silhouette. Chez lui, le grain spécial du teint blafard indiquait des sens d’un sadisme froid. D’astucieuses lèvres pondéraient, en ce visage, l’énergie naïvement barbare des traits. Ses prunelles noiraudes, vindicatives, luisaient sous la carrure d’un front triste, aux sourcils rectilignes, et leur regard crépusculaire était comme natalement préoccupé ; souvent fixe. — Laminé par les controverses du séminaire, le timbre d’acier de sa voix avait acquis des inflexions mates qui en ouataient la dureté ; toutefois on sentait le poignard