Page:Villiers de L'Isle-Adam - Tribulat Bonhomet, 1908.djvu/257

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ble que nous prendrons tous, — que je prendrai, moi, tout à l’heure. Ce fut alors que, ne sachant pas ce qui s’était passé, je me levai et l’embrassai tendrement, les larmes aux yeux, une dernière fois, sur son front mort.

Elle se tut : je la regardai fixement :

— Comment, — comment avez-vous su que cela s’était passé ? demandai-je.

— J’ai vu la scène se produire la nuit suivante, en rêve, dans une grande glace où je regardais.

— Les démons peuvent habiter, en effet, le reflet des glaces ! lui dis-je, par compassion : mais, dans la vie réelle, — ajoutai-je en la considérant avec mes yeux ternes et en me grattant le bout du nez, — dans la vie réelle, on n’admet pas, comme cela, les Démons. — Comment avez-vous pu me reconnaître, moi, dans le reflet de ce miroir ? Mes traits devaient y être douteux : ce fut plutôt, je pense,