Page:Villiers de L'Isle-Adam - Tribulat Bonhomet, 1908.djvu/61

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elle correspond à quelque lacune de jugement, à quelque pensée nourrie au préjudice des autres. Les coins de ma bouche pincée et pâle ont les plissements d’un linceul. Elle est assez rapprochée du nez pour en prendre conseil avant de discourir à la légère et, suivant le dicton, comme une corneille qui abat des noix.

Sans mon menton, qui me trahit, je serais un homme d’action ; mais un Saturne sénile, sceptique et lunatique, l’a rentré comme d’un coup de faux. La couleur et la qualité de mon poil sont dures comme celles de mes pairs en contemporanéité symbolique. Mon oreille, finement ourlée et longue comme celle des Chinois, notifie mon esprit minutieux.

Ma main est stérile ; la Lune et Mercure s’en disputent les bas-fonds ; mon grand médium noueux, spatulé, chargé de ratures à sa deuxième phalange, les laisse faire, en