Page:Villiers de L'Isle-Adam - Tribulat Bonhomet, 1908.djvu/65

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recherches passionnées. J’ai dévoré, pour subvenir aux nécessités de mes profondes études et de mes agissements, le patrimoine énorme que m’avaient légué mes ancêtres. Oui, j’ai consacré les fruits mûrs de leurs sueurs séculaires à l’achat des lentilles et des appareils qui mettent à nu les arcanes d’un monde momentanément invisible !

J’ai compilé les nomenclatures de tous mes devanciers. Non est hic locus de s’appesantir sur les lumières que j’ose croire y avoir apportées ; la postérité délivrera son verdict à ce sujet, si jamais je lui en fais part. Ce qu’il est important de constater, c’est que l’esprit d’analyse, de grossissement, d’examen minutieux est tellement l’essence de ma nature, que toute la joie de vivre est confinée pour moi dans la classification précise des plus chétifs ténébrions, dans la vue des enchevêtrements bizarres,