Page:Villiers de L'Isle-Adam - Tribulat Bonhomet, 1908.djvu/68

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les marches d’un trône, et s’il suffisait, à présent, d’un mot de moi pour que s’opérât le parfait carnage de tous les fanatiques, je le prononcerais, je le sens, « en pelant un fruit », comme dit le poète.

Néanmoins, — je suis forcé de l’avouer, — je suis sujet à un mal héréditaire qui bafoue, depuis longtemps, les efforts de ma raison et de ma volonté ! Il consiste en une Appréhension, une Anxiété sans motif précis, une AFFRE, en un mot, qui me prend comme une crise, me fait savourer toute l’amertume d’une inquiétude brusque et infernale, — et cela, le plus souvent, à propos de futilités dérisoires !

N’est-ce pas de quoi grincer des dents, que de se sentir l’âme empoisonnée aussi mortellement que voilà ? Cela me confond quand j’y songe.

Étant un esprit cultivé, je me rends faci-