Page:Villiers de L'Isle-Adam - Tribulat Bonhomet, 1908.djvu/98

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Ma première action, en touchant le sol de mon illustre patrie, fut d’entrer dans ce café d’où le regard embrasse toute la rade, et, au loin, le tombeau d’un ancien ministre de Charles X, le vicomte de Châteaubriand, — dont quelques travaux ethnographiques sur les Sauvages ont, paraît-il, été remarqués. Je demandai ma dose d’absinthe habituelle, énorme d’ailleurs ; puis, me laissant tomber assis, je saisis avec une distraction nostalgique le premier journal qui me vint crier sous les doigts.

C’était une feuille locale : — une gazette salie, oubliée, déchirée, d’une date déjà ancienne. Elle traînait là, — près de moi, — sur la banquette rouge. Et, maintenant, que j’y songe, il me revient, distinctement, que le garçon voulut me l’arracher des mains pour m’en donner une autre plus récente, — et que je lui résistai par le mouvement machinal de