Page:Villiers de L’Isle-Adam, Premières poésies, 1893.djvu/54

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XII


Mais celui qui ne sait que manger et que boire,
Dont l’impuissant dégoût bave sur toute gloire,
Qui chaque nuit trafique un stupide baiser,
Et qui vient nier Dieu, gloire, amour, fleurs de l’âme !
A mes yeux, celui-là n’est qu’un bélître infâme,
Tant à plaindre qu’à mépriser.


XIII


Si c’est rire de tout, que la philosophie,
Adieu Kant et Schelling ! J’aime mieux voir la vie
Ou la mort, mais d’après leurs côtés les plus beaux,
Et j’admire un héros par pur matérialisme,
Sans restreindre le but avec trop de cynisme,
Car il est beau d’être un héros !


XIV


Vous allez, je sais bien, me dire que l’aurore
N’est qu’une vapeur bleue ou rose, et qu’on n’ignore