Page:Villiers de L’Isle-Adam, Premières poésies, 1893.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» Mes baisers de velours supplicient ! mes cheveux,
» Aux parfums pénétrants, enivrent ! mon haleine
» Épuise !... Et je peux faire, ainsi qu’une Sirène,
» Mourir d’amour ! si je le veux.


XV


» Du moins, tu me l’as dit, cher seigneur ! Ta mémoire
» Doit bien se souvenir de toute cette histoire.
» Eh bien, mon bel ami ! si c'est vrai, cependant,
« Si je puis donner tant d’ineffables délires,
» Un seul de mes baisers, un seul de mes sourires,
» Vaut le secret de mon amant. »


XVI


— « De quel secret veux-tu parler, ma belle reine? »
— « Ecoute bien : c’était dans le salon d’ébène,
Au palais, l’autre nuit : les couplets du festin
N’éveillaient plus l’amour, et leurs accords profanes
Ne retentissaient plus. Des clartés diaphanes
Annonçaient déjà le matin.